mardi 26 décembre 2023

Chief Miko et la navigation traditionnelle

 Chief Miko et la navigation traditionnelle

Chief Miko tient la barre de la pirogue Alingano Maisu lors d'une navigation entre Palau et Yap
 
Chief Miko et ses To'ere. Hawaï 2022

Elevé par son grand-père entrepreneur et constructeur de pirogues, Michel apprend que son père construit des bateaux à Honolulu. A Oahu il découvre que son père est un original, très connu sur l'île, qui vit à la mode des anciens et qui chasse dans la montagne. Le jeune homme est adopté par la famille Kamalamalama, une famille de musiciens de Waikiki. Le père Billy Richmond est en train de faire le moule de la pirogue Hōkūleʻa.

 Il est un des membres fondateurs de la Polynesian society de Hawaï. Tous ces gens sont en quête de leur identité. Ils cherchent d’où ils viennent. En 1976 Michel rêve de prendre part au voyage inaugural de la pirogue entre Hawaï et Tahiti, malheureusement il est trop jeune. Il n'a que seize ans. Il faut avoir 21 ans pour embarquer sur la pirogue. Après une année intermédiaire pour apprendre la langue, il rentre à la High School de Oahu. Au terme de deux années, il obtient son High School diplôme, l’équivalent du baccalauréat. Il est certifié arboriste et crée son entreprise d'élagage, Genesis tahitian tree service. Ca marche très bien, il emploie une douzaine de travailleurs et obtient de gros contrats en Californie. En 1990 le jeune Michel Pouira Kreiner est millionnaire en dollars. C'est à cette époque qu'il commence à organiser de grandes fêtes polynésiennes et se remet à sculpter le bois des arbres qu'il coupe. Il travaille beaucoup mais n'a pas le temps de participer aux grandes traversées traditionnelles de Hōkūleʻa. Il doit se contenter de prendre part à de petites navigations. 

Chief Miko à bord de  Hōkūleʻa

En 1992 Michel Pouira Kreiner prend part à la création de l'organisation Nā Kalai Waʻa Moku o Hawaiʻi aux côtés de Milton Bertelmann et de son frère Clay. A partir de 1994 ils entament le chantier de Makali'i, une pirogue traditionnelle de 16,5 mètres.  De février à mai 1999 Michel embarque avec les frères Bertelmann dans une navigation pour Satawal, traversée connue sous le nom de "E Mau, voyage vers la terre du maître". Mau Piailug est à bord en tant qu'invité d'honneur. Michel Pouira Kreiner poursuit le voyage durant plusieurs mois et visite les confins de la Micronésie.

C'est alors qu'il prend le nom de Chief Miko. A partir de là, Chief Miko laisse ses enfants gérer son entreprise d'élagage et il ne va plus se consacrer qu'à la navigation, la sculpture et la culture. 

A  la suite de la traversée "E Mau",  l'organisation Nā Kalai Waʻa Moku o Hawaiʻi se lance dans le projet d'offrir une pirogue traditionnelle à Mau Piailug, en remerciement de ses services rendus à la science de la navigation ancestrale aux étoiles. A Kawaihae, Chief Miko participe activement à la construction de cette pirogue nommée Alingano Maisu. Il  sculpte la proue de la pirogue d'un albatros, sur les indications de Mau Piailug. La pirogue est offerte à Mau Piailug dans le cadre du voyage de Hōkūleʻa de 2007 nommé "Kū Holo Mau". Miko tient la barre de la pirogue jusqu'à l'île de Satawal, où le 18 mars 2007, Mau préside la première cérémonie pwo pour les navigateurs depuis 56 ans.  Cinq autochtones hawaïens et onze autres personnes sont intronisés au Pwo en tant que maîtres navigateurs, dont Nainoa Thompson et le fils de Mau, Sesario Sewralur. 

Chief Miko sur le chantier de la pirogue Alingano Maisu

Chief Miko sculpte la figure de proue 


Chief Miko et l'albatros sculpté à la tête de la pirogue Alingano Maisu


Arrivée des pirogues Hōkūleʻa et Alingano Maisu à Satawal en Micronésie

Mau Piailug durant la cérémonie pwo

Chief Miko durant la cérémonie Pwo

Chief Miko masse les pieds de Mau Pailug

Chief Miko lors de l'anniversaire de Mau Piailug à Hawaï big island



Jonathan Bougard








mardi 26 septembre 2023

Baby Joachim Damana, les demoiselles de Brazzaville


L'école de Muta Mayola chapitre 11

Baby Joachim Damana, les demoiselles de Brazzaville.

Après la découverte d'un bas-relief polychrome signé Baby Joachim Damana, pseudonyme du sculpteur congolais surdoué Joachim Badindama aussi connu sous les noms de Joachim Badindamana où Joachim Babindamana, le peintre Gastineau Massamba nous apporte de précieuses informations sur l'artiste qu'il a bien connu, disparu en 2016.

Sculpteur précoce célèbre dès l'âge de 15 ans, Joachim Badindamana est né au Congo Brazzaville en 1950. Il commence par travailler le bois dans le style de Muta Mayola et est très vite lauréat d'un premier prix de sculpture puis d'une bourse lui permettant d'aller étudier les beaux-arts en Allemagne. Il a fait sa vie entre Berlin et Dusseldorf dans les années 1970 et s'est alors tourné vers la réalisation de bronzes monumentaux avant de revenir au Congo à l'invitation du président Sassou Ngesso au début des années 1980.

Auteur de sculptures monumentales en bronze érigées sur les place publiques de Brazzaville à partir des années 1980, ses œuvres emblématiques de la capitale congolaise ont disparus lors des évènement de 1997. La population en a récupéré le bronze pour fabriquer des marmites.

Pour Gastineau Massamba, les demoiselles de Brazzaville est une œuvre importante pour l'histoire de la sculpture contemporaine congolaise.


mercredi 30 août 2023

La salle des fêtes


Conception Gaëlle Bourges, Abigail Fowler, Stéphane Monteiro a.k.a XtroniK

 

Avec Bettina Blanc-Penther, Gaëlle Bourges, Agnès Butet, Blanche Godivier, Lucie Lesclauze, Alice Roland, Kristina Strelkova, Pauline Tremblay

 

Création lumière Agibail Fowler

 

Création sonore Stéphane Monteiro a.k.a Xtronik

 

Production association Os

 

Coproduction

Le Palais de la Porte Dorée

 

Avec le soutien de la DRAC Île-de-France/Ministère de la Culture et de la Communication, au titre de l’aide à la compagnie conventionnée.


Un fumeur de pipe signé Mahoungou (l'école de Muta Mayola 9)


L'école de Muta Mayola chapitre 9

Un fumeur de pipe signé Mahoungou

(Sollies Pont)


mercredi 28 juin 2023

LAETITIA KY ? Who's that woman ?


LAETITIA KY ? Who's that woman ?

Laetitia Ky ? décline son travail dans la photographie, la peinture et la sculpture. Le sens de ses créations est clair et net, et son ambition est de toucher tout le monde, plutôt que les amateurs d'art.

lundi 22 mai 2023

Gastineau, défendre l'art et l'humain


Gastineau Massamba est peintre, sculpteur et poète. Il se renouvelle constamment. « Mokili Banga ntâba…» sa dernière exposition parisienne galerie Anne de Villepoix présente la série Kongo, un ensemble de très grands formats représentant des rescapés du génocide des LARIS, qui convoque les figures de Steve Biko, de Rosa Parks et Claudette Colvin.

Gastineau à été initié à l'art par son père artiste et professeur à l'école des Beaux-Arts de Brazzaville. Réfugié en France suite à la guerre civile, Gastineau est un artiste reconnu sur la scène contemporaine qui vit sans papiers depuis onze ans. Il à décidé de briser la chappe de silence qui pèse sur l'histoire de son pays, et collectionne les œuvres des grands artistes congolais, dans l'objectif de reconstituer une histoire de l'art moderne congolais dont il se souvient des grandes figures, Muta Mayola, Grégoire Massengo, Benoit Konongo, Baby Joachim Damana où encore Bernard Mouanga Nkodia. 

L'école de Muta Mayola chapitre neuf, Gastineau défendre l'art et l'humain.

Un film de Jonathan Bougard

D'après une idée originale de Gilles Broussaud


vendredi 12 mai 2023

MERIADEG L'ARZONAUTE 2 Une interaction avec le centre Pompidou


Intervention du peintre Mériadeg Courtet devant le centre Pompidou à Paris.
Un film de Jonathan Bougard d'après une idée originale de Gilles Broussaud.
Un production In Vivo Prod 2023

lundi 1 mai 2023

O TAHITI NUI une deux crochet uppercut


Pour la sixième édition du tamouré marathon de l'école de danse tahitienne de Tahia Cambet, la troupe O Tahiti Nui a présenté Une deux crochet uppercut, une chorégraphie moderne inédite reprise par les 220 danseuses présentes. Une chorégraphie brillante et pleine d'autodérision.

vendredi 28 avril 2023

QUAI DES BELGES extrait


Ca fait quelques mois que Laurent le conquérant a posé ses sept échiquiers quai des belges à Marseille. Tous les jours depuis dix-huit ans qu'il vit dans la rue, il défie les passants à des parties d'échecs en simultané.

jeudi 27 avril 2023

FURIA FURRIES Bande annonce



Bande-annonce d'une vidéo consacrée au phénomène furrie, mouvement international mais peu connu du grand public, ces jeunes gens qui se réunissent costumés en peluches géantes.

MERIADEG L'ARZONAUTE extrait Yvon Lambert tu as fait quoi de ta vie ?


Trois minutes extraites du documentaire Mériadeg l'arzonaute. Mériadeg Courtet a ouvert les plus grands quats artistiques parisiens durant l'âge d'or de ce mouvement, entre les années 80 à 2000. Il pratique toujours un art brut et sans concessions et ne s'est pas calmé. Loin de là. C'est peut-être le dernier dinosaure du punk toujours actif. Un film de Jonathan Bougard D'après une idée originale de Gilles Broussaud In Vivo Prod Paris 2023

mercredi 19 avril 2023

HANAMI



Une ballade au parc de Sceaux

Chaque printemps la communauté asiatique parisienne et les cosplayeurs se retrouvent au parc de Sceaux pour célébrer la floraison éphémère des 144 sakuras, les cerisiers roses du japon, dans le bosquet nord du domaine. En japonais Hanami signifie "regarder les fleurs". En 2023 le thème retenu pour les festivités était la manga. L'occasion de retrouver la fantaisie qui était de mise à l'époque d'Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon, duchesse du Maine et  dictatrice perpétuelle de l'ordre de la Mouche à miel, dont la devise était « Piccola si, ma fa pur gravi le ferite » (« Elle est petite, mais fait de graves blessures ».)

mardi 21 mars 2023

Neuf têtes congolaises géantes signées Benoit Konongo


L'école de Muta Mayola chapitre huit : neuf têtes congolaises géantes signées Benoit Konongo.

On continue notre recherche des oeuvres signées par les disciples du plus grand sculpteur africain du vingtième siècle, Muta Mayola. Cette fois dans le sud de la France, on tombe sur un ensemble exceptionnel de neuf têtes géantes signées Benoit Konongo. Neveu de Mayola, Konongo a été le premier sculpteur africain à recevoir des commandes du pouvoir colonial, du gouverneur Félix Eboué en particulier. La France était alors occupée et Brazzaville était la capitale de la France libre.


mardi 14 mars 2023

L'école de Muta Mayola 7



Jonathan Bougard continue sa recherche des sculptures de l'école de Muta Mayola.

Cette fois, entre autres merveilles, il tombe sur un exceptionnel cortège royal en ébène de sept personnages travaillés en facette, dans la meilleure veine de Grégoire Massengo. Outre la qualité de cet ensemble du début des années 1950, ce qui est exceptionnel est qu'il soit  complet de ses personnages et de ses accessoires (pipe, sceptre, lances et trône ambulatoire). On trouvera également une caisse de statuettes en ivoire d'une grande finesse, dans une cave du vingtième arrondissement parisien. Ce type d'objets en ivoire, désormais interdit à la vente, pose problème à ses propriétaires et se trouve ainsi souvent remisé à la cave ou au grenier.

La dame a hérité de ces objets congolais de ses parents installés au Cameroun durant la période coloniale, ce qui illustre bien la question de la circulation des objets sur le continent africain.


Katmandou

 Exposition


Pauline Driard
Jérôme Edou
Vincent Gréby
Eric Chandra 

Auditorium de l'Alliance française de Katmandou

Le 17 mars


GUILLAUME TEL4 et SOPHIE NEDOREZOFF séparés ensemble


Visite chez les artistes et collectionneurs d'arts premiers Guillaume Tel 4 et Sophie Nédorezoff au cœur  de Paris, autour de la statue d'un fumeur de pipe congolais signé Grégoire Massengo, un des pères de la sculpture congolaise moderne.
Depuis 1999 Guillaume Tel 4 et Sophie Nédorézoff animent l'association Trait, Reflet, Action, Contraste, Espace, Singulier (Traces), projet de «décloisonnement de l'art, d'ouverture à toutes les tranches d'âge, de fidélisation via une démarche qui ne tient pas de l'ordre de la consommation». Dans ce cadre ils organisent gratuitement des cours de dessins pour tous à Paris et ailleurs.

L'école de Muta Mayola chapitre 6

Le cri de Picasso


Captation de la rencontre littéraire avec Jean-Luc Aka-Evy et Souleymane Bachir Diagne jeudi dernier au salon de lecture Jacques Kerchache du Musée du quai Branly - Jacques Chirac autour de l'ouvrage "Le cri de Picasso, les origines nègres de la modernité", de Jean-Luc Aka-Evy, publié chez Présence Africaine Editions, dans la Collection La Philosophie en toutes lettres.

Si ce n'est pas le propos de son ouvrage, dans ses réponses aux questions du public, Aka-Evy a tenu un discours dépassionné sur la question de la restitution des objets anciens, qu'il considère comme des oiseaux migrateurs.

Il sera présent au Salon du livre africain de Paris ce week-end, où il prendra la parole dans la salle de conférence dimanche après-midi, toujours en compagnie de Souleymane Bachir Diagne.


mardi 14 février 2023

L'école de Muta Mayola 5


L'école de Muta Mayola chapitre 5

La cave de l'homme des steppes

Devant des sculptures de Mara et des oeuvres graphiques de Sam Szafran

Avec Laurent Périchon, spécialiste des tigres et héritier d'un ensemble de sculptures congolaises

Une toile d'Henriette Lorimier

Comment début 2022, en poursuivant mes recherches en France sur le sculpteur polynésien Vaiere Mara, mais aussi Henriette Lorimier et les femmes peintres du début dix-neuvième, après que le peintre Vincent Greby m'ai fait découvrir un masque congolais en wengé signé Grégoire Massengo, dans une cave de Bagneux je suis tombé sur un buste signé Muta Mayola. Mayola le plus important sculpteur congolais du vingtième siècle, dont on pensait toutes les oeuvres disparues. En même temps que sur un ensemble d'oeuvres de ses élèves et neveux Grégoire Massengo, Benoit Konongo et Edouard Malonga. Les pères de la sculpture congolaise moderne, principaux représentants de l'école de Muta Mayola.

Découverte d'un buste signé Muta Mayola dans une cave de Bagneux
Statue en wengé

Début 2022 je commençais à me retrouver avec un important stock de tableaux (vous en verrez une partie, quelques oeuvres de Sam Szafran, d'Henriette Lorimier, de Jules Badin et de Jules Girardet) et Gilles Broussaud, le peintre, performer et vidéaste, a eu l'idée de filmer mes recherches. Il trouvait la démarche intéressante. Depuis plusieurs dizaines d'heures d'images se sont accumulées, beaucoup trop de matière pour un documentaire classique. Diviser tout cela en chapitre indépendants les uns des autres s'est vite imposé, comme l'école du sculpteur Muta Mayola s'est vite imposée comme le sujet central de la série de vidéos.

Le buste en wengé signé Muta Mayola

Un certain nombres d'autres chapitres suivront, dont le fil rouge sera la découverte de sculptures africaines souvent remisées dans des caves où des greniers, parfois en salle des ventes.

Au final on conservera seulement l'essentiel de ces épisodes dans un long film, mais pour l'heure les recherches continuent...

Images Gilles Broussaud et Jean-François Vaca.

Cinquième chapitre du documentaire inédit l'école de Muta Mayola

Un grand merci à Laurent Périchon


lundi 6 février 2023

mercredi 25 janvier 2023

FARE


Fare

synopsis

 

Fare occupait les gradins du bâtiment de la fédération de vaa, derrière la salle d’exposition de Aorai Tini Hau. Il allait ramasser des noix de cocos et passait ses journées à tresser  des bagues avec la fibre et des perles.

Le soir il amenait ses bagues de la journée au bureau du bijoutier. Le bijoutier le payait mille francs par bague, et lui remettait un nouveau sachet de perles. En moyenne Fare tressait vingt bagues par jour. 

Fare n’avait qu’à siffler pour faire venir les gardiens de la plage. Ses quatre chiens. Ses meilleurs amis.

Fare était un des nombreux fils adoptifs de Beaux-os. C’est Beaux-os qui lui avait transmis son savoir. Fare s’était engagé dans l’armée, et puis avait été réformé. Il avait apprit la boxe et était monté sur des rings.

Il avait passé plusieurs années entre quatre murs sans fenêtres. Il était partit aux états unis et avait fait partit des danseurs de Snoop Dog. Maintenant, de retour au fenua après toutes ces années, il tresse la fibre de coco.

Un jour à Moorea Fare est tombé du haut d’un grand cocotier. Une chute de vingt mètres. Il a eu les jambes et les hanches cassées en de multiples endroits. Il est resté deux ans à l’hôpital en rééducation. Maintenant, il ne sent plus la douleur. Sous anesthésie.

2012

L'étrusque



L’ETRUSQUE

 

Ca faisait des mois que Frezal Tehaupahua occupait ce triangle de pelouse à Punaauia, au croisement de la route de ceinture et de la route des plaines. Impossible d’être plus visible qu’à cet endroit. Et les soirs et les matins, aux heures d’embouteillages, les travailleurs immobilisés avaient tout le temps de réfléchir à la signification des panneaux et des banderoles qu’il accumulait. Comme ça au bord de la route.

Il restait là, exposant son visage tatoué à la foule. L’air prophétique. On ignorait ce qu’il voulait vraiment. Au début ils étaient deux. L’autre c’était le roi de Hawaï disaient certains. Le roi Tapunui. Le descendant de Gengis khan.  Toute l’île se posait des questions. C’était quoi cette attitude ??? Quel était vraiment le sens de toutes ces pancartes ??? Qu’est-ce qu’il voulait vraiment ???  Pourquoi occuper comme ça ce triangle de pelouse ???

Certains mots étaient en rouge, d’autres en noir. Comme à l’école. Un peu. Mais les mots étaient décomposés en syllabes. Tronçonnés, découpés. Rendus à des sons, des interjections. Comme ramenés à leur puissance première. Leur pouvoir d’invocation.

Il devait y avoir une logique à ces pancartes. Les mots en noir étaient rayés, raturés. Pas ceux en rouge. Les préfixes grecs où latin détachés du corps du mot.  Mais aucune constance : les mots en noir n’étaient pas systématiquement raturés.

Ces pancartes étaient vraiment trop ésotériques. Au commencement était la parole. Alors un jour que je passais par là, je me suis décidée à traverser la route et à tout simplement aller parler un peu avec Frezal Tehaupahua.  Tranquillement lui demander ce qu’il voulait.

C’était le mercredi 17 juillet 2013. 

Visite guidée du marae. Audience avec le roi.

 La première impression est la bonne en général.

Tahaupahua signifie tambour appeler. C’était ça sa véritable identité.

Tehaupahua avait aussi un book, avec des lettres de bienvenue du sénateur de Hawaï, beaucoup de courriers marqués par beaucoup de tampons. Il avait aussi de la documentation. Des coupures de journaux, des pages tirées d’encyclopédies et de dictionnaires. Il avait un goût particulier pour les racines grecques et latines du français.

La référence absolue de Teaupahua tambour appeler, son ancêtre fondamental, c’était Tarquin  le superbe, dernier roi étrusque.

Les étrusques parlaient une langue sans parenté commune. L’étrusque.

Tarquin le superbe régna de moins 534 à moins 509 avant notre ère. Moins 509 c’est la date de la fondation de la république romaine.

A la fin du règne des Tarquin, le pouvoir royal est partagé entre une magistrature civile et une magistrature religieuse. C’est sous la république romaine qu’apparaitront les premiers édifices du forum. Tehaupahua tambour appeler se situe donc juste avant la république. C’est un barbare de l’antiquité. Aujourdhui la république est toujours là, et les étrusques choisissent Tahiti pour revenir. Tahiti territoire autonome avec un président, des ministres et une assemblée territoriale. Tahiti, rattachée à la république française.

On avait attrapé l’étrusque et on l’avait mit en prison. On avait confisqué tous ses drapeaux. Il était resté 48 jours en prison. Mais comme pour les tampons, il était sortit du pénitencier avec sa carte de prisonnier de droit commun. Il avait conservé cette carte d’identité interne à l’univers carcéral qui passe au broyeur à la sortie. Personne n’avait trouvé le moyen de la lui récupérer… Il portait cette carte autour du cou, comme un trophée. Et il avait été jusqu’à en faire un grand tirage, qu’il exposait au bord de la route de ceinture. Le roi était-il un anarchiste, en fait ???

Je commençais à y voir plus clair. Mais il restait des zones d’ombre. Il restait ces choses, ces espèces de petits monstres exigeants. Ces trônes d’or et ces épaisses tentures de velours rouge. Et tous ces tampons, ces books remplis de signatures. Ces courriers constellés de tampons.

Ces courriers abordaient des sujets multiples, avec certaines constances. Certains émanaient du tribunal de justesse du roy Tapunui.

Il appelait à sanctionner l’ensemble des magistrats civils et religieux. Supprimer l’ensemble des gouvernements tyrannies. Interdiction de voter. A des incarcérations immédiates aussi. Celle de monsieur Lionel Bruno juge d’application des peines. A des exécutions immédiates. A la justification pour la marie juana.

Et ces courriers étaient signés de la reine AHUURA VAIAVA MARAE TEVAITAPU MAI

 A peu prêt tout avait été dit lors de notre première conversation. Quelque chose continuait pourtant à m’échapper. Le roi parlait aussi beaucoup de modification de généalogies, et des rois du pacifique…  De modification de généalogie et de vraie identité. Pourquoi m’avait-il dit que ma vraie identité était Hawai ??? Hawai Teroru Bellais…  Il avait vu qu’après j’allais à Aotearoa et puis à Rarotonga. Il m’avait balancé ça à la figure en rigolant… Il voyait donc certaines choses… C’est pour ça que j’y suis retourné le vendredi 19 juillet 2013. Continuer le dialogue. Je commençais à me raconter des histoires. Il n’y a pourtant rien de convulsif dans ma personnalité...

Vendredi 19 juillet au matin, le marquisien tout tatoué préparait un saladier de poisson cru pour le roi, sur le capot de sa petite voiture. Ils avaient même trouvé des légumes… Le roi avait installé de nouveaux panneaux au bout du triangle. Il décomposait le mot propriétaire en PRO PRIE et TAIRE. Pour prier et taire… C’était plutôt catholique… Un autre panneau ramenait le système étrusque à l’équation MAI égale TEHO. En capitales rouges, et avec trois points posés en triangle au dessus du i de mai. Je comprenais que pour l’étrusque, ramener la tête coupée du i au triangle du Y était jouissif.

Une camionnette de ceux qui jouent le rôle de police s’est arrêtée au bord du triangle. Tout à coup Tehaupahua a éclaté.

 Je suis repassé voir l’étrusque. Il conversait avec les travailleurs de la commune. Le roi racontait la fois où on l’avait attrapé au marché. Il était venu expliquer aux marchands que l’emplacement était devenu gratuit. Le roi était allé au marché annoncer la nullité des taxes diverses, et un des travailleurs a ironisé sur le fait que le roi portait des savates trouées… Des savates trouées et un tricot déchiré…  Le travailleur parquait sa vespa sur le triangle de pelouse. Les pneus de son engin s’étaient dégonflés durant sa journée de travail. L’homme était très las. Il a sortit une pompe et remit les pneumatiques de son  engin en état d’affronter la route de ceinture.

Une autre fois je suis repassé au bord du marae de l’étrusque. Il n’était pas là. Seuls ses collègues marquisiens étaient là. Ils m’ont fait de grands signes et j’ai grimpé les rejoindre jusque sous le pont où ils campaient.

Le marquisien le plus âgé, le plus tatoué des deux me proposa une tasse de cidre. Les deux hommes buvaient du cidre. Un troisième dormait, un travailleur écrasé de fatigue. Il avait dû passer la débroussailleuse toute la mâtinée sous le soleil. Tout camisolé de bleu sous le soleil… Je déclinais poliment le verre de cidre.

Les deux occupants du pont avaient un chien. Un chien à trois pattes. L’étrusque ne tarda pas à arriver. Une fois sa petite voiture parquée sur le marae, il est partit à pieds au bord de la route. Deux minutes passèrent et l’étrusque est apparu par derrière le pont. Comme un militaire. C’était finit.

J’ai repris mon chemin. Je suis retourné travailler  en nouvelle zélande et puis à Rarotonga. Lorsque je suis revenu à Tahiti deux mois plus tard, l’étrusque avait disparu. Sur le lieu, il y avait la voiture peinte de Teuruarii Solomona le roi de Rurutu. Et sur la voiture flottait son drapeau… Il n’y avait personne a qui aller demander des explications…

Chacun s’occupe de son intérêt personnel et tout peut arriver.

L'étrusque

Un film de Jonathan Bougard

Avec Frézal Tehaupahua et Tiairani Drollet le Caill


NDAKUAFRICA les secrets du tambour


Ndakuafrica les secrets du tambour avec Claude Mukweba, Kalo Tshiekela, Clovis Banzouzi et le ballet Kongo.

Vincent le phénomène de Katmandou


Vincent Greby est un artiste français qui partage sa vie entre Katmandou et Séoul. De passage dans sa maison familiale de Gournay, il nous présente quelques Putali du district de Jajarkot, des ex voto d'art primitif Hymalayen, un grand masque africain signé Grégoire Massengo, et puis quelques unes des toiles qui l'ont fait connaître en Asie. Quatrième chapitre du long-métrage documentaire inédit l'école de Muta Mayola. Réalisation Jonathan Bougard D'après une idée de Gilles Broussaud Images Jean-François Vaca, Gilles Broussaud et Jonathan Bougard

Le terrain d'aventure


Vingt ans après, retour au terrain d'aventure à Montreuil. Un lieu chargé de pouvoir et d'histoires. Deuxième chapitre du long-métrage documentaire inédit L'école de Muta Mayola.

Le baptême tahitien

Les premiers MARA

Jonathan Bougard dans Culturîles

lundi 23 janvier 2023

Exposition à Attaya Gallery de Saint-Louis

 Archives du CCCTP



Walfadjri mardi 20 mars 2012

Exposition à Attaya Gallery de Saint-Louis

Attaya gallery ou galerie d'art multiculturelle de Saint-Louis a présenté samedi une exposition sur le thème Eros et poésie, des dessins à l'encre de chine du Polynésien Jonathan Bougard.

L'érotisme à l'encre et au dessin orne les cimaises

Le dessinateur-peintre Polynésien Jonathan Bougard dit avoir fui les salons parisiens dans l'espoir de retrouver une liberté de création. Depuis plusieurs années, il a choisi les Iles Marquises où il vit maintenant. Ce sont donc des scènes de vie tirées de son expérience polynésienne qu'il présente dans son exposition intitulée Eros et poésie à Attaya galerie de Saint-Louis. Son sujet, il le traite de deux façons. L'une des facettes, est le dessin à l'encre de chine où le corps de la femme est mit en avant comme un symbole de désir, mais aussi de perdition. L'autre facette de sa création, s'exprime par la peinture à l'huile avec laquelle il peint des scènes de vie réalistes où la femme est soumise à la prostitution et son corps est ici une marchandise.

Tous les fantasmes masculins sont représentés et la femme, dans ses oeuvres, n'est pas maîtresse de son destin. L'un des tableaux représente la vente de la virginité d'une jeune fille, nue, au milieu d'un groupe d'hommes anonymes habillées de costumes trois pièces. C'est donc un corps désiré, mais aussi maltraité qui est présenté ici au fil des toiles. Le dessinateur tente de dénoncer la dureté de la prostitution par la crudité des sujets abordés mais aussi par les couleurs qu'il emploie. 

Sur les toiles du Polynésien, Jonathan Bougard, les femmes ne sont pas maîtresses de leurs corps. 

Malgré la violence du sujet, la femme est quand même magnifiée et son corps est mis en avant dans toute sa beauté. Les dessins à l'encre de chine la montrent dans la banalité de son quotidien même si l'artiste à recours à des symboles forts, faisant concorder le monde de l'érotisme avec celui du Diable. Ce lien pose une question essentielle : en partant de l'érostisme où commence l'indécence ? 

La lecture de poèmes magnifiant l'amour de la femme par Charles Camara, maître de cérémonie, lance le débat sur la place de la femme dans la société. "Dans encore beaucoup d'esprits, la femme est considérée comme une source de péché et se voit résumer trop souvent à un désir qui n'est pas le sien." Souligne-t-on. 

Circé Si


Vincent le phénomène de Katmandou


Le phénomène de Katmandou c'est Greby Vincent, artiste peintre que je n'avais plus revu depuis une vingtaine d'année. Mais comme il dit, quand l'amitié perdure les années ne comptent pas. Il a fait sa vie entre Séoul et Katmandou et en plus d'exposer sa peinture un peu partout en Asie, il collecte des Putali, de la statuaire animiste himalayenne.

Je suis reparti de chez lui avec un grand masque en wengué signé Grégoire Massengo.

Quatrième chapitre du documentaire inédit l'école de Muta Mayola.

Réalisation Jonathan Bougard D'après une idée de Gilles Broussaud Images Jean-François Vaca, Gilles Broussaud et Jonathan Bougard
Une production In Vivo Prod